Silver Screen revient sur "Veronica Mars", la série télévisée créée par Rob Thomas. Elle fut diffusée à partir du 19 février 2007 sur M6...
Hello, my fellow marshmallows !
Aujourd’hui, j’ai envie de vous faire découvrir ce qui est l’une de mes séries préférées : "Veronica Mars".
J’entends d’ici les ricanements de certains : quoi, on parle bien de la même Veronica ? Cette fille de dix-sept ans, blonde de surcroît, qui passe son temps à résoudre les problèmes d’autres lycéens, en jouant les pseudo-détectives et qui est au cœur d’un triangle amoureux entre deux garçons dont l’un est son ex-petit ami et l’autre le meilleur ami de ce dernier ? Cette série, diffusée sur M6 en quotidienne et en toute fin d’après-midi, comme toutes les séries pour ados (après tout, il faut bien attendre que la cible privilégiée soit revenue du collège/lycée…).
Comment cette série-là pourrait-elle revêtir un quelconque intérêt, n’est-ce pas ?
Sur le papier, Veronica Mars n’est qu’un teen show de plus. A l'époque âgée de dix-sept ans moi-même, j’émettais quelques doutes quant à la qualité de la série au vu des photos promos, très orientées, et des quelques résumés glanés ici et là. J'étais plus snob à l'époque, je crois que mon niveau de maturité ayant régressé, je serais moins réticente aujourd'hui. Je me suis laissée tenter uniquement suite à la lecture de quelques excellentes chroniques qui parlaient de la série en des termes élogieux. Alors, qu’est-ce qui peut donc bien distinguer cette série de tous ces soaps pour adolescentes en mal d’amour ?
Veronica elle-même a été une jeune fille innocente et romantique, presque ennuyeuse, n’eût été sa meilleure amie, la riche et insolente Lilly Kane, grâce qui elle s’exprimait par procuration. Veronica était un peu une suiveuse, comme beaucoup de jeunes de son âge. Encore un peu timide, sous l’influence des jeunes gens riches qui l’entouraient, Veronica avait aussi choisi la facilité en sortant avec le frère de sa copine, Duncan, un garçon très attentionné et un peu lisse. Lilly, elle, sortait avec Logan Echolls, un fils de célébrités plutôt déluré et arrogant, meilleur ami de Duncan. Tous les quatre étaient presque inséparables. La vie était facile, sans grande surprise, à l’exception de la rupture inopinée, un jour, du couple Duncan/Veronica, sans que celle-ci ne parvienne à en comprendre la raison. Pas de quoi en faire une série télévisée, jusque-là !
Mais voilà, un jour, Lilly est retrouvée morte. Violemment tuée au bord de la piscine, dans des circonstances troubles. Veronica est bouleversée, bien sûr. Son père, Keith Mars, le shérif de la ville californienne de Neptune, où se côtoient des citoyens richissimes et d’autres, disons, beaucoup moins, montre du doigt le père de la jeune victime, Jake Kane, sur lequel il est le seul à porter ses soupçons. Mais voilà, un homme se dénonce comme étant le véritable meurtrier et Keith, démis de ses fonctions pour avoir accusé un père éploré (et multimillionnaire, par-dessus le marché) devient détective privé pour nourrir sa famille. Sa femme Liane, alcoolique notoire et mère de Veronica, donc, supporte mal la déchéance de son statut social et quitte la ville, laissant derrière elle mari et enfant. Peu à peu, la vie de Veronica s’écroule. Ses camarades populaires, y compris Duncan et Logan, qui la considéraient autrefois comme l’une des leurs, lui tournent le dos. En s’invitant malgré sa nouvelle réputation à une de leurs soirées, elle se fait droguer à son insu et se réveille seule, sans aucun souvenir du viol qu’elle a subi et que le nouveau shérif, l’incompétent et prétentieux Don Lamb, met aussitôt en doute. Après que le mufle lui a ri au nez de la manière la plus indélicate possible, Veronica (qui à ce stade, a plus d’une raison de craquer), au lieu de s’apitoyer sur son sort, fait de ces humiliations en série une véritable force.
Exit la jeune fille virginale et un peu effacée, Veronica devient sûre d’elle, son caractère prend du relief, elle ne se laisse plus marcher sur les pieds. Solitaire mais caustique et pleine de ressources, elle aide son père dans ses filatures et prend du galon. Bientôt, elle commence à mener ses propres enquêtes (contre rémunération, elle fait rarement dans le bénévolat) au lycée et ailleurs, en se faisant épauler par les quelques personnes qui ne la haïssent pas. Parallèlement, elle découvre de nouveaux indices dans l’affaire du meurtre de Lilly, qui lui permettent d’établir un doute raisonnable quant à l’identité du tueur. Convaincue que l’explication officielle qui suffit à l’opinion générale n’est pas la bonne, Veronica se lance sur la piste du meurtrier.
Le point de départ de la série est donc déjà porteur d’une histoire riche qui sera distillée au fur et à mesure de flashbacks dans lesquels apparaissent les personnages avant les événements dramatiques qui les ont transformés. La présence de Lilly, en filigrane, tantôt souvenir, tantôt fantôme, ponctue la série de manière cohérente et utile. Chaque épisode, en plus de fournir à Veronica de quoi enquêter sur des mystères plus variés les uns que les autres, apporte aussi une pierre à l’édifice DU mystère de la saison, celui qui ne sera résolu que lors du dernier épisode, dans un véritable concentré de révélations explosives et d’adrénaline qui nous cloue à notre siège. En attendant d’avoir le fin mot de l’histoire, une multitude de personnages colorés et profonds, de mystères étonnants, de retournements de situations, de dialogues impeccables et de thèmes variés sont déployés sur une bande-son divine pour faire patienter le public. Rien n’est laissé au hasard, la continuité est extrêmement soignée. Et c’est efficace !
L’ambiance, très proche du film noir malgré les couleurs parfois saturées de la vie sous le soleil de Californie, oscille entre drame et humour avec une fluidité remarquable. La voix-off de Veronica, quasi omniprésente dans les saisons 1 et 2, nous fait partager ses pensées intimes, ses doutes, ses regrets. Loin d’être dépeinte comme une jeune femme sans aspérités, Veronica est l’archétype réaliste de ce que signifie selon moi le proverbe « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort ». Veronica est une jeune femme forte, intelligente et qui sait tourner les épreuves à son avantage, mais elle a aussi des défauts, des fêlures, des moments de doute. Elle a une personnalité complexe et profonde. Il lui arrive de craquer, elle ne s’est pas entièrement blindée au point de ne plus rien sentir. Les coups du sort et les brimades l’ont renforcée, mais elle n’a pas complètement renoncé à la sensibilité qui la rend humaine et nous permet de nous identifier à elle. Veronica se défend, Veronica se dresse contre les injustices, Veronica se met en danger. Mais elle se fait des amis, elle tombe amoureuse, elle ment, elle se trompe, elle éprouve de la compassion, elle pleure, elle rit aussi. Elle n’est pas surhumaine et c’est ça qu’on aime.
Veronica Mars est diffusée au vingt-et-unième siècle et vit avec son temps. On peut sans conteste dire de la série qu’elle aborde des thèmes féministes, ce qui n’est pas pour me déplaire. Le seul but de notre héroïne n’est pas de trouver l’amour ou d’être populaire, comme c’est encore le cas dans de nombreuses de séries. Elle prend le contrôle de sa vie, inspire le respect malgré la perte de son statut social et fait preuve d’une franchise déconcertante. Elle combat les abus, désigne les coupables sans jouer les donneuses de leçons.
Les thèmes de la série ne sont jamais ni manichéens, ni superficiels. Dans une série sur fond de lutte des classes, le gentil n’est pas toujours le pauvre contre le grand méchant riche. Chaque personnage a des secrets ou des défauts, indépendamment de leur milieu social, leur orientation sexuelle ou leurs origines. On rencontre une galerie de personnages peu communs, dont les histoires respectives sont souvent traitées sans œillères. Les personnages secondaires, ceux qui entourent Veronica apportent tous quelque chose de précieux à la série : Keith, son père dévoué et de qui elle est très proche, son nouveau meilleur ami Wallace, rencontrée lorsqu’elle l’aide à se tirer d’une cruelle situation, son acolyte experte en informatique, Mac, son fidèle allié Weevil, aussi et surtout chef d’un gang de motards… Ses principaux prétendants, Duncan et Logan, ont aussi une place importante dans l’histoire et l’évolution de leurs relations avec Veronica donne lieu à de nombreux quiproquos qui compliquent les enquêtes de la jeune fille et lui donnent du fil à retordre. On croise à Neptune des minorités ethniques ou sexuelles, des geeks aux activités malhonnêtes, des enfants maltraités,des dangereux trafiquants de drogue irlandais, des jeunes femmes violées, des prédateurs qui cachent bien leur jeu, des flics véreux, des enfants échangés à la naissance, des parents indignes… Le panel est tellement large qu’il est absolument impossible de n’être pris dans l’histoire à aucun moment.
On pourrait continuer d’en parler pendant des heures, mais cette série recèle de multiples aspects que l’on ne peut évidemment appréhender qu’au visionnage (en version originale, cela va de soi). La saison 1 est particulièrement incontournable, s’il ne faut en voir qu’une. La deuxième est excellente également, mais beaucoup plus complexe à mon avis. La troisième est un cran en-dessous, la faute à la CW qui a souhaité simplifier l’accès à la série et a insisté pour que le mystère de la saison soit séparé en plusieurs arcs. Mais la série reste toujours très agréable à regarder.
Le film, financé grâce au crowdfunding (j'ai contribué à le produire!) et sorti en DVD et VOD en 2014, dix ans après le premier épisode de la série, a apporté un peu de réconfort aux fans qui auraient souhaité que la fin de la saison 3 ne les laisse pas dans l’incertitude comme ce fut le cas. On y retrouve brièvement les personnages qu’on aime tant, et l’ambiance particulière de la série, bien que ce ne soit plus tout à fait la même chose. Cela fait toujours plaisir de se laisser porter par la nostalgie d’une époque révolue, donc j’ai aimé le film, un peu moins que la série, mais peut-être que j’en attendais trop.
Je n’ai pas encore lu les livres qui sont sortis après la production du film et qui en sont la suite directe. J’ai le premier en ma possession et je compte le lire après avoir revu le film, j’espère y retrouver la passion du début, après quoi je me presserai d’acheter le deuxième !
On parle aussi d'une mini-série dans les années à venir, à suivre... Il y a en tout cas une fanbase assez importante pour qu'une nouvelle suite se justifie!
Veronica Mars est un personnage auquel tout le monde peut trouver à s’identifier. Son caractère vif, percutant mais toujours intelligent fait d’elle un role model pour le public, même si elle n’est pas dénuée de défauts. C’est indéniablement un des meilleurs personnages « réalistes » que j’ai eu l’occasion de suivre et la qualité de l’écriture de la série n’est plus à démontrer. Je pourrais écrire une thèse sur la série et il me resterait encore de quoi en parler, mais je pense qu’il vaut mieux que je vous laisse vous faire votre propre opinion !
Rédigé par EclectiGirl
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