Créateur :
Graham Yost
Distribution :
Donnie Wahlberg (Détective Joel Stevens)
Neal McDonough (David McNorris)
Mykelti Williamson (Détective Bobby Smith)
Gary Basaraba (Officier Ray Hechler)
Lana Parilla (Teresa Ortiz)
Date de diffusion :
29 septembre 2002 (USA)
1er janvier 2004 (France)
Nombre d'épisodes : 24 épisodes (2 saisons)
"Boomtown", c’est d’abord une série que j’ai découverte sur France 2 (en 2004, la série datant de 2002 aux Etats-Unis), à l’époque où je tolérais encore la VF. Puis, je l’ai achetée en DVD pour la revoir en VO et en apprécier toutes les nuances. Car c’était un bijou qui méritait qu’on s’y attarde. Encore aujourd’hui, j’en admire affectueusement l’écrin et je suis fière de cette acquisition que trop peu de monde peut revendiquer (même si c’était au détour d’une tête de gondole devant les caisses de Carrefour pour moins de 20€). Série méconnue, laissée pour compte malgré les récompenses et nominations qu’elle a raflées, elle n’a pas malheureusement pas survécu au-delà d’une (courte) saison 2.
Elle méritait mieux. Franchement. Je suis assez friande de cop-shows : j’aime particulièrement "Esprits Criminels", "Major Crimes", "Cold Case", "FBI Portés Disparus", "The Mentalist" ou "Castle"', même si je ne suis pas toujours aussi assidue que je le devrais. J’aime ces séries car j’aime les histoires de crimes. Oui, j’aime la sensation de malaise que me procure la souffrance de personnages fictifs. J’aime remonter la piste des tueurs avec les enquêteurs, les traquer et les arrêter dans leur frénésie meurtrière. Je ne serai jamais dans la police, mais j’aime vivre ça par procuration, confortablement installée dans mon salon. Ces séries m’apportent toutes quelque chose, ont toutes leur marque de fabrique, mais ne sont pas toujours extrêmement surprenantes.
"Boomtown" était différente. Elle n’avait pas grand-chose en commun avec l’archétype de la série policière classique. Elle avait un format hors normes, ce qui n’a pas dû l’aider à rentrer dans le moule taillé pour la très linéaire franchise "New York District" et autres "Experts". Car chaque épisode de "Boomtown" est un puzzle qui n’est reconstitué intégralement que dans les dernières minutes, toujours de manière magistrale, avec la part de noirceur poétique qui convient.
"Boomtown" ne se contente pas de suivre une brigade au quotidien, de la découverte du crime à sa résolution, comme le font la plupart des séries du genre. La chronologie est bouleversée et l’art de la narration maîtrisé à la perfection. La série nous montre les versions de multiples protagonistes, qu’il s’agisse des personnages réguliers (deux inspecteurs, deux officiers de police, l’assistant du procureur, une journaliste, une ambulancière), mais aussi des témoins, des victimes et des tueurs. Les événements sont décortiqués de différentes manières à travers les yeux des personnages, si bien que l’on reste sur nos gardes jusqu’au dénouement final. Chaque épisode apporte son lot de surprises, et certains d’entre eux peuvent même prétendre au titre de chefs-d’œuvre du petit écran.
Bien entendu, la série ne fait pas l’impasse sur les personnages, dont on partage les déboires personnels autant que professionnels. L’alcoolisme, l’adultère, la pédophilie, la perte d’un enfant, des couples au bord du gouffre, des ambitions oubliées, des rivalités entre collègues, la tentation de la corruption et de l’argent facile sont des thèmes qui gravitent tout au long de la saison 1.
Cette série est un coup de maître. Terriblement en avance sur son temps, elle a été d’après moi précurseur de séries plus récentes dont le format éclaté et rythmé change l’image de la télévision. Ce qui se fait aujourd’hui sur le petit écran est souvent de meilleure qualité et plus osé que bien des longs-métrages diffusés au cinéma. Sans vouloir être présomptueuse (Boomtown n’a pas nécessairement le monopole des influences des séries des années 2010), je pense que la série a participé de manière révolutionnaire à la modernisation de la fiction télévisée. C’est pourquoi il est bien dommage qu’elle soit arrivée quelques années trop tôt, alors que ni le public, ni les chaînes n’étaient prêts.
Je ne sais ni si c’est la construction particulière des épisodes, celle-là même qui fait de "Boomtown" une œuvre de génie, qui a perdu les téléspectateurs ni si NBC n’a autorisé une saison 2 qu’à la condition de revenir à un format plus classique. Toujours est-il que la saison 2, qui se laisse malgré tout regarder avec plaisir, ne reprend pas les éléments qui faisaient de "Boomtown" un show incroyablement innovant et original. La narration reprend un ordre chronologique, d’une facture bien plus classique que ce à quoi la série nous avait habitués. Composée de 6 épisodes seulement, elle ne conclut même pas la série de manière satisfaisante et nous laisse un peu sur notre faim, sans se terminer pour autant en queue de poisson, fort heureusement. La deuxième et dernière saison comporte aussi d’excellents épisodes, mais beaucoup moins avant-gardistes dans leur construction.
Une fin plutôt décevante, donc, presque dispensable même si les intrigues et le jeu des acteurs restent parfaits. Comme si on avait décidé de se résigner et de tabler sur la médiocrité des téléspectateurs pour faire de l’audience. Cela n’a évidemment pas fonctionné et la série a été annulée en cours de saison. Tant pis pour les fans…Je ne saurais vous conseiller un épisode plutôt qu’un autre, car ils sont bien peu nombreux à comporter des faiblesses. Graham Yost, le créateur de la série, a eu un succès plus durable par la suite avec la série "Justified", que je n’ai pas encore eu le plaisir de découvrir.
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