Je pense que ce n’est pas un secret pour mes proches : je suis une grande fan de la Petite Maison dans la Prairie. S’il y a une série que je connais sur le bout des doigts, c’est certainement celle-là. De là à m’auto-proclamer experte, il n’y a qu’un pas ! J’en suis parfaitement consciente, les gens retiennent surtout le côté moralisateur de la série. Pourtant, la série explore des thèmes ultra-variés et même souvent modernes (au moins trois épisodes abordent la grossophobie, de nombreux autres le racisme, le handicap, le harcèlement, les maladies mentales…), le tout en variant les genres, du drame à la comédie en passant par la romance, le western et même parfois le thriller. La série ayant débuté vers le milieu des années 70, rien d’étonnant à cela. Toutefois, les images les plus citées, même après des dizaines de rediffusions, restent la chute de la petite Carrie dans le générique de début et Laura qui fait l’avion dans le générique de fin. Bref, les gens connaissent mal la série et c’est dommage, mais c’est ainsi.
Série culte, la Petite Maison dans la Prairie est une libre adaptation des romans autobiographiques de Laura Ingalls Wilder. Très libre, même. Je pense personnellement qu’il aurait été compliqué de captiver les foules pendant 9 saisons et 3 téléfilms avec les romans d’origine. Michael Landon, véritable pilier de la série, n’a de fait gardé que quelques éléments clé des écrits de Mrs Ingalls Wilder et a créé des intrigues et des personnages fictifs (Adam Kendall, les familles Edwards et Garvey...) qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de la série tout en l’éloignant davantage de l’œuvre dont elle s’inspire. Ainsi, fidèle aux réalités de l’époque où des trains d’orphelins sillonnaient le pays et où il suffisait presque d’entrer dans un orphelinat pour en ressortir avec un enfant sous le bras, dans la série, la famille Ingalls a adopté trois enfants en plus des cinq qu’ils ont eus en réalité.
Parmi eux, le désormais célèbre Jason Bateman
dans un de ses tous premiers rôles,
avec une adorable bouille et une coiffure d'époque.
De nombreux épisodes abordent la question des orphelins, placés là où on veut bien d'eux selon leur âge et leurs capacités physiques. Mais si l’adoption au XIXème siècle était bien souvent un prétexte pour obtenir de la main d’œuvre bon marché, cela n’excluait pas l’attachement que pouvaient se porter les familles. C'est en tout cas ce que nous vantent pour la plupart les séries du genre ! Certes, le lien est sans doute un peu idéalisé, mais a un côté rassurant qui renvoie aux souvenirs d’enfance, à l'image d’une famille aimante et unie malgré les épreuves.
J'aime ça, j'assume ! C'est mon not-so-guilty-pleasure ! La Petite Maison dans la Prairie est la série ultime pour moi, et je dois l'admettre, un brin régressive ! Elle me met du baume au cœur sans effort !
De même, d’autres auteurs de l'époque se sont inspirés de ce contexte (les fréquentes morts précoces, les familles éclatées sur un territoire peu hospitalier, la pauvreté qui mène à abandonner son jeune enfant sur un porche) pour créer des histoires d’orphelins attachants aux mésaventures nombreuses. Parmi eux, Lucy Maud Montgomery, autrice de la série pour la jeunesse Anne, la maison aux pignons verts. Peu connus en France, ces romans racontent la vie d’Anne Shirley, une jeune orpheline canadienne adoptée sur un malentendu par un frère et une sœur âgés résidant sur l’île du Prince Edouard.
Si cela vous évoque quelque chose, c’est sans doute qu’en bon adepte de la Saga du Dimanche sur M6 (n’ayez pas honte, oui il y avait des bonnes vieilles bouses, mais pas que !), vous êtes déjà tombés sur l’adaptation la plus connue de cette œuvre littéraire, mièvrement intitulée dans sa version française Le Bonheur au Bout du Chemin. Composée de 3 téléfilms en deux parties chacun, la série a été diffusée à de multiples reprises (en tout cas, je suis plusieurs fois tombée dessus dans mon enfance). Les deux premiers datent de 1985 et 1987 et le troisième, loin d’être du même niveau et hautement dispensable, a été tourné en 2000. Il y a eu d’autres versions, mais celle-ci est la plus célèbre, Megan Follows interprétant à la perfection la jeune rouquine fantasque et impétueuse.
C’est pourquoi la nouvelle adaptation signée Netflix qui a fait ses débuts cette année, Anne With an E, aurait pu être un flop total. Au contraire, la saison 1 a charmé un large public, y compris les fans des téléfilms des 80’s. Il faut dire que les différences sont nombreuses, ce qui en fait une œuvre à part plutôt qu’un copier-coller. À la manière d’un Michael Landon dans les années soixante-dix, Moira Walley-Beckett, qui a auparavant produit 39 épisodes de Breaking Bad et écrit une dizaine d’entre eux, s’est distanciée de l’œuvre de Montgomery et l’a modernisée, au risque de commettre quelques anachronismes. Personnellement, je n'ai pas vraiment de problème avec ça tant que la qualité est au rendez-vous.
À gauche, Anne dans la série de Netflix.
À droite, Anne telle qu'elle apparaît au début de l'adaptation de 1985.
Les différences sont nombreuses entre les deux versions. La dernière en date prend bien plus son temps. Là où l'adolescence de l'héroïne filait en un peu plus de trois heures en 1985, il ne s'écoule que quelques mois au cours de la saison 1 de Anne With an E (qui comprend 8 épisodes). Certains événements prennent de l'ampleur, des nouveaux rebondissements et des intrigues inédites font leur apparition, jusqu'à une fin de saison en cliffhanger (modéré). Anne a du caractère dans les deux versions, mais il existe des variations. La nouvelle Anne est plus torturée que la précédente, plus émotive encore. Sa relation avec ses camarades d'école est aussi plus instable, plus réaliste. Elle met plus de temps à se faire des amis, sa personnalité grandiloquente l'empêche de se faire accepter. Quant à sa relation avec Gil, son futur mari dans les romans, elle évolue plus vite vers une rivalité amicale, sans doute pour ne pas trop laisser les fans sur leur faim après huit heures de visionnage.
Bien sûr, certaines scènes iconiques restent incontournables et diffèrent peu d'une version à l'autre …
Pour info, sur sept épisodes (dont le premier compte pour deux), cinq ont été réalisés par des femmes, dont Amanda Tapping, anciennement star de Stargate SG-1, et Niki Caro, à qui l'adaptation de Mulan en live action a été confiée officiellement il y a quelques mois.
Si comme moi, vous aimez le 19ème siècle, les paysages américains, les histoires riches et simples à la fois, les aventures d'orphelins qui cherchent leurs marques et de leurs tuteurs un peu dépassés, jetez-vous sur cette poignée d'épisodes d'Anne With an E !
Rédigé par EclectiGirl
Écrire commentaire