Créateur: Greg Berlanti et Todd helbing (2021)
Acteurs : Avec Tyler Hoechlin, Bitsie Tulloch, Wolé Parks, Adam Rayner, Dylan Walsh, Emmanuelle Chriqui, Jordan Elsass, Alexander Garfin
La genèse de la série (une nouvelle réalité)
Pour replacer les choses dans leur contexte, cette version de Superman a trouvé ses origines dans la série Supergirl, second spin-off de Arrow, créé par Greg Berlanti et diffusée sur la CW. Celle-ci se déroulant après les séries citées, le résumé ci-dessous peut révéler quelques informations importantes sur les intrigues de ces dernières, attention donc si vous désirez suivre la série Supergirl.
Initialement le personnage y apparaissait uniquement dans le générique d'introduction sous forme de silhouette vu en contrejour. Il y fera sa véritable première apparition lors de la seconde saison, campé alors par l’acteur Tyler Hoechlin (connu principalement pour son rôle dans la série Teen Wolf).
Il apparaitra dans le rôle lors du Pilote de la Saison 2 et reviendra ensuite lors du double épisode final, le producteur envisageant alors d’en faire un personnage récurrent pour la saison à venir. Néanmoins, c’était sans compter sur la Warner qui souhaitait restreindre son utilisation sur le petit écran (préférant ne pas perturber le public en leur proposant plusieurs versions du personnage simultanément), le monopôle restant à la version cinéma incarnée par Henry Cavill.
Ce n’est qu’en 2018 que le personnage aura de nouveau le droit d’apparaître dans l’Arrowverse, lors du cross-over « Elseworld » dans lequel il interprètera une version maléfique notamment. Il y sera d'ailleurs au côté de Elisabeth Tullock (connue principalement pour son rôle dans la série Grimm) qui incarne la nouvelle version de la reporter Loïs Lane. Cette version est déjà en couple avec Clark et connaît son secret.
Par la suite le personnage reviendra régulièrement dans la série, fournissant conseils et coup de mains à sa cousine. Il sera évoqué son envie de fonder une famille avec Loïs et d'avoir un enfant (normalement impossible entre une humaine et un Kryptonien). Souhait qui sera rendu possible grâce à la découverte de la ville d'Argo qui a survécu à la destruction de Krypton et sur laquelle Kal-El n'a aucun pouvoir. Ils quittent alors la série pour un temps.
Ce n'est que la saison suivante lors de la préparation de l'immense cross-over "Crisis on Infinite Earth" que les personnages reviendront présentant alors leur nouveau-né Jonathan. Dès lors il était évoqué que la CW envisageait un nouveau Spin-off centré sur Superman et Loïs si leurs personnages rencontraient suffisamment de succès lors de ce cross-over.
Cet évènement sera également l'occasion de croiser plusieurs versions de Superman au travers des différentes terres parallèles qu'ils vont parcourir. Cela donnera l'occasion de revoir Tom Welling dans son rôle de Clark Kent de Smallville (mais toujours sans costume) ainsi que Brandon Routh dans son rôle de Superman (du film Superman Returns) qui y interprètera une version plus âgée inspirée de l'arc Kingdom Come.
Une fois cette crise contrecarrée la plupart des univers se sont vu fusionnés en un seul. Ainsi dans cette nouvelle réalité les différents univers de Arrow /Flash/Batwoman ont fusionnés avec celui de Supergirl. Pour faire concorder la timeline quelques changements dans la continuité sont apparus dont le fait que Loïs et Clark n'ont plus un seul fils unique mais des jumeaux.
C'est ce qui deviendra le fil conducteur de cette série, à savoir suivre notre duo élever leur 2 fils (devenu ado) dans la petite ville de Smallville. Le questionnement principal étant dans un premier temps porté sur la révélation aux enfants de la véritable identité et origine de leur père. Et dans un deuxième temps découvrir si les enfants vont également développer des pouvoirs eux-aussi et comment leur apprendre à les gérer.
Une réalisation digne d’un film
Ce qui marque de prime abord lorsqu’on découvre cette série, c’est son style graphique.
La colorimétrie est plus travaillée, avec des contrastes plus intenses et des noirs plus profonds. Mais à l’inverse de la saga de Zack Snyder les couleurs sont conservées, adieu les tons ternes de la désaturation, ici quand Superman apparaît les bleu et rouge sont plus flamboyant que jamais.
Au niveau du format d’image on passe en « cinémascope », plutôt rare pour une série télé (la série Stargirl utilise également ce format), qui sur un écran 16:9 classique rajoute de fines bandes noirs en haut et en bas. Ce qui va donner cette sensation d’avoir un niveau plus cinématographique à l’œuvre.
On note également davantage de travail dans le cadrage, jouant justement sur le format d’image choisi pour avoir des plans larges magnifiques mettant en avant les décors, rayonnant de lumières et de couleur tout en jouant habilement avec les ombres et les contraste pour faire ressortir les personnages dans leur environnement.
Dans la narration on note également un grand changement. Bien loin de ces aînées qui se veulent être des séries grand public avec comme fil rouge le méchant de la saison et des épisodes de remplissage (avec le vilain/péripétie de la semaine) amenant petit à petit à la confrontation finale. Ici on est sur un format plus court, 15 épisodes au lieu de 24, avec une trame principale bien plus présente. Ce qui oblige d’ailleurs à suivre les épisodes dans l’ordre là où les autres séries ont plus de latitude et permettent au spectateur de rater un épisode sans être forcément totalement perdu dans la narration. Ce changement de rythme est d’autant plus marquant qu’en temps normal ce sont les séries diffusées sur les plateformes de streaming (comme Netflix ou Disney+) qui opte pour cette narration. Ainsi, il est étonnant que la série soit diffusée sur la chaîne CW et non sur la plateforme HBOMax, ce qui n’empêche pas sa disponibilité sur celle-ci dans un format « extended » (bénéficiant d’1 à 2 min supplémentaires sur certains épisodes).
En partie lié au nombre d’épisode plus réduit, qui permet d’octroyer un budget plus conséquent à chaque, la qualité des effets spéciaux est à mettre en avant également. L’usage de fond vert est indéniable sur une série de ce genre, néanmoins leur intégration est plutôt réussie.
Une maturité bien visible
Outre dû au rendu et à la façon dont sont tournées les scènes, la série nous apparait plus mature grâce à Superman lui-même.
Dès son apparition dans la série Supergirl , il était évident que ce Superman opérait depuis déjà de nombreuses années. Cela se sentait dans sa façon de gérer les situations, son calme dans le feu de l’action, son optimisme à toute épreuve et surtout ses capacités. Néanmoins le personnage ne devait pas faire d’ombre à sa cousine, d’où une certaine retenue dans l'utilisation de ses pouvoirs. De plus le scénario s'arrangeait régulièrement pour le mettre hors de combat afin de laisser place à la fille de Krypton.
Le plus flagrant apparaît dans les scènes d’action. Habituellement, dans les séries de super-héros (à cause d’un budget réduit) on a des scènes d’action et/ou de combat où le héros va utiliser ses pouvoirs pour se rendre rapidement sur place mais va habituellement se battre de manière plus habituelle pour économiser les effets spéciaux. Cela se retrouve dans Supergirl où celle-ci va parcourir un bâtiment à la recherche de quelqu’un en courant tout simplement. Martian Manhunter ne va que très rarement utiliser son pouvoir de déphasage (qui lui permet de passer à travers la matière). Killer Frost va se battre à main nue contre un ennemi qui peut se déplacer à toute vitesse (et qui ne l’utilise pas d’ailleurs) et Nathan Heywood (Steel) ne revêt presque jamais sa peau en acier qui le rend quasi invincible.
Ici en revanche, on constate que ce n’est pas simplement un superman expérimenté, mais le superman « ultime ». Cela passe notamment par le changement de costume qui a été opéré, ce dernier le rend beaucoup plus musclé et imposant. Mais aussi par ses actions, Superman n'a pas de temps à perdre et utilise vraiment tout ce qu’il a comme aptitude afin d’être le plus efficace. Il va bien évidemment voler à super-vitesse pour arriver au lieu voulu, mais même là il ne va pas simplement marcher et faire les quelques pas qui le sépare de la pièce suivante ou de l’ennemi qui s’y trouve. Non il va prendre 1s ou 2 pour analyser ce qui se passe et va de nouveau utiliser sa super-vitesse pour se déplacer de 3 mètres. Pourquoi me direz-vous ? Et bien car c’est le plus rapide, le plus efficace pour ne pas perdre de temps et ne pas laisser à l’ennemi le temps de réagir.
Lorsqu'il se retrouve au sol Superman là non plus ne se relève pas simplement comme nous, non il se relève en volant se remettant en position de lévitation à quelques centimètres du sol. Là encore parce que c'est plus simple et plus efficace pour lui (voler lui est autant naturel que marcher).
Et même dans ces déplacements en super-vitesse il ne va pas commencer son mouvement puis disparaître de l'écran dans un flou comme c'est présenté depuis de nombreuses années maintenant. Non il va avoir une posture naturelle et neutre ne présageant pas de ce qu'il va faire et d'un seul coup il disparaît en quelques dixièmes de secondes.
Et dans les coups qu’il porte on sent toute la force et la précision qu’il y met. Ainsi toute la mise en scène est travaillée pour nous faire comprendre que pour ce Superman, il n’y a pas de demi-mesure. Son objectif est clair, être rapide et efficace pour neutraliser l’ennemi au plus tôt et mettre en sécurité tout innocent qui se retrouverait en danger.
Un Superman pas si invincible que ça
Bien qu’il reste un des plus grands super-héros de chez DC, cela fait de nombreuses années que beaucoup de spectateurs et lecteurs lui préfèrent sont plus fidèle partenaire qu’est Batman. Pour la plupart l’argument principal sera qu’il n’y a pas de challenge/d’enjeu pour un personnage qui est quasi invincible, tandis que Batman qui n’est qu’un humain, certes surentraîné, avec des gadgets fait de lui quelqu’un de plus faillible.
Pourtant, il n’en est rien. C’est d’ailleurs ce qui a pu être vu au travers de la série The Boys avec Homelander ou bien en comics avec la saga Injustice voire même le film Hancock ou la série Invincible. Quand on a autant de pouvoir, il est très facile de se laisser aller et de devenir un anti-héros. Réussir à rester aussi humble et vertueux demande finalement énormément d’effort et de sacrifice.
C’est pourquoi je trouve que la version campée par Henry Cavill, qui bien que très bien physiquement, n’a pas la morale et les principes pour faire de lui une bonne version de Superman. Les scènes où il hésite à aller sauver son père malgré ses capacités, ou encore celle où il se résigne à tuer Zod en sont les parfaits exemples.
Superman a une force telle qu’il est sans cesse obliger de se contrôler, sans cela il pourrait gravement blesser les personnes qu’il côtoie. Il en est de même pour les ennemis qu’il affronte, à l’instar de Spider-man, les arrêter sans qu’aucuns ne finissent avec des os brisés ou des commotions cérébrales lui demande un contrôle énorme, car rare sont les ennemis contre lesquels il peut relâcher toute sa puissance.
Et en ça on constate que les scénaristes l'ont bien compris. On sent que le personnage est en proie au doute, il se questionne sans arrêt sur ses choix et sur ses actes. Il se demande si ses décisions ne risquent pas de coûter la vie à de nombreux innocents, et montre à quel point il peut avoir peur de perdre le contrôle et de devenir le mal qu'il s'est toujours efforcer de combattre. Toutes ces questions ayant d'autant plus d'impact quand cela touche ces enfants et ses amis.
Il ne faut pas non plus oublier que Superman n’est pas que Superman. Il est aussi Clark Kent. Un journaliste, mari et surtout père de famille. Ce que la série arrive à bien mettre en scène. Elle explore le personnage sur un terrain qui n'a pas encore été réellement traité sur écran, la paternité. Tout héros qu'il est, les super-pouvoirs ne sont pas forcément d'une grande utilité quand il s'agit de bien élever un enfant. Surtout lorsqu'il y en a deux (ado qui plus est) et qu'il s'agit de bien les éduquer, en essayant de leur inculquer de bonnes valeurs. A cela vient s'ajouter le questionnement lié à l'apparition potentielle de super-pouvoir chez eux à l'instar de ce que ses parents Jonathan et Martha Kent on pu traverser avec lui.
Mais il est loin d'être seul dans cette tâche, tout comme la série Loïs & Clark à l'époque, dans cette nouvelle aventure Loïs partage également l'affiche avec l'homme d'acier. Quoi de plus normal, le couple est devenu inséparable depuis de nombreuses années maintenant. Et en tant que telle, elle est une alliée de force, aussi bien au sein du foyer familial que sur le terrain en reporter intrépide qu'elle est.
Car on est jamais trop de deux pour gérer les aléas de la vie. Surtout quand cette vie inclus des braquages à main armée, des kidnapping, des attaques extraterrestres. En cela elle est un soutien inflexible pour lui, celle sur qui il peut se reposer quoi qu'il arrive. Cela fait de nombreuses années qu'elle couvre ses aventures, le suivant dans le feu de l'action, elle sait s'imposer lorsqu'il le faut. Et pour réussir à élever leur deux fils, qui recherche eux-mêmes leur place dans ce monde, ils vont devoir faire face à de nombreux obstacles.
Un début prometteur
En conclusion, je dirais simplement que la CW réussi une belle adaptation du personnage. Offrant plus de profondeur et réussissant à la fois à présenter un Superman d'une force extraordinaire, mais qui n'en est pas moins faillible. Accompagné d'une Loïs Lane plus déterminée que jamais à défendre sa famille et révéler au grand jour les complots les plus sombres qui peuvent se cacher même là où on ne les attend pas. Leur alchimie fonctionne très bien à l'écran, tous deux sont complémentaire l'un de l'autre. Les ados ont également des caractères bien différents, chacun ayant une affinité plus particulière avec l'un de ses parents. Et il est plaisant de les suivre et de découvrir avec eux ce que peut impliquer de faire partie de la famille Kent, et d'être les enfants du dernier fils de Krypton.
Je n'aurait qu'une chose à dire vivement la prochaine saison qui démarrera à la rentrée 2022 aux US.
Rédigé par Dorkan
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