George Lucas : le créateur de rêves

Réalisateur de talent et précurseur dans le domaine des effets spéciaux et des techniques de production, George Lucas a apporté une contribution unique au 7e Art et plus largement à l'imaginaire.

SILVER SCREEN revient sur la carrière de cet homme doté d’une imagination sans limite et à l’origine de l’une des plus grandes sagas cinématographiques du septième art : "Star Wars".

 

UNE JEUNESSE DANS L'IMAGINAIRE 

 

Né le 14 mai 1944, George Lucas passe toute sa jeunesse dans un ranch de Modesto au Nord de la Californie. Fils de commerçants, il connaît une enfance heureuse où le rock’n’ roll, les serials de Science-Fiction, les comics et les voitures de courses rythment son quotidien. Sa dernière passion aura néanmoins pour lui une issue assez dramatique. En effet, en 1962, alors qu’il n’est âgé que de dix-huit ans, le jeune George est victime d’un terrible accident au volant de sa Fiat Bianchina préparée pour les courses locales. Sa ceinture de sécurité cède, il est projeté hors de son véhicule et s'en sort miraculeusement. Il reste néanmoins plusieurs jours dans le coma et six mois à l'hôpital. Sorti d'affaire, George est convaincu que le destin lui a octroyé une seconde chance : « On ne peut pas subir ce genre d’expériences et ne pas ressentir qu’il y a bien une raison pour notre présence ici-bas. C'est à partir de ce moment que j'ai choisi de passer mon temps à mettre à profit cette survie qui m'avait été accordée et d'essayer au maximum de lui donner un véritable intérêt". Il abandonne ainsi ses projets de devenir pilote de course pour se tourner vers le cinéma, une autre de ses passions.

 

DE THX 1138 A AMERICAN GRAFFITI

 

Entré à l'Université de Californie, il se forme aux différents métiers du cinéma. Rapidement, il se consacre à la mise en scène et réalise plusieurs courts-métrages dont « THX 1138 : 4EB » (1967). Ce dernier sera couronné du prix du meilleur film dramatique lors du Troisième Festival du film d'étudiants. Stagiaire à la Warner, il rencontre le réalisateur Francis Ford Coppola avec lequel il se lie d’amitié sur le tournage de « La Vallée du bonheur » en 1967.  

 

 

Assistant sur son film suivant, « Les Gens de la pluie » (1968), les deux compères fondent par la suite American Zoetrope, studio destiné à aider les jeunes réalisateurs et à créer des films expérimentaux avec le soutien de la Warner. Profitant de cette opportunité, George Lucas réalise son premier long métrage, « THX 1138 » (1970), une adaptation directe de son film étudiant. Distribué en 1971, cette production futuriste à l'univers aseptisé est plutôt bien accueillie par la critique mais ignorée par le public. Deux ans plus tard, George Lucas rompt avec la Warner et fonde sa propre société, la Lucasfilm Limited. Pour sa première production, il se replonge dans ses années d'adolescence avec « American Graffiti » (1973). Il  y fera notamment la connaissance d’Harrison Ford. Le film, crédité de trois nominations aux Oscars, représente son premier véritable succès commercial (115 millions de dollars au box office pour un budget estimé à 750 000).

LA CONSECRATION AVEC STAR WARS 

De 1973 à 1974, George Lucas écrit « La Guerre des Etoiles », une œuvre très imaginative qui trouve ses origines dans les comics de Flash Gordon, les contes de fées, la mythologie ancienne et les travaux théoriques de Joseph Campbell. En 1975, après avoir vu son projet rejeté par de nombreuses sociétés de production, la Fox accepte de financer « Star Wars » et de participer à sa distribution. Lancé dans un véritable tournage marathon entre la Tunisie et l'Angleterre, George Lucas doit alors faire face aux doutes d'une équipe peu convaincue par ce qu'elle considère comme un "film pour enfants", et à la pression d'un studio inquiété par les dépassements de budget et les délais non tenus. Lucas et les techniciens d'Industrial Light & Magic (ILM, sa société d'effets visuels fondée en 1975 pour le film) travaillent alors jour et nuit pour terminer un film qui ne semble pas convaincre les producteurs de la Fox, persuadés qu’il se soldera par un échec. Le 25 mai 1977, la « Guerre des étoiles » sort sur quelques écrans américains. Mais à la surprise de la Fox, c'est un raz-de-marée sans précédent, et le film, véritable révolution technologique, devient en moins d'un an un énorme succès commercial (400 millions dollars de recettes pour un budget estimé à moins de 10 millions). Devançant le phénomène, George Lucas rachète les droits des suites à la Fox, ainsi que ceux des produits dérivés, créant un véritable empire via sa société Lucasfilm ltd.

  

SUR LES PAS DE STEVEN SPIELBERG

Laissé très fatigué par le tournage de la « Guerre des Etoiles », George Lucas confie les rennes de « L'Empire contre-attaque » (1980) à Irvin Kershner puis du « Retour du Jedi» (1983) à Richard Marquand, mais garde néanmoins un contrôle total sur son œuvre. Il devient par ailleurs l'un des producteurs majeurs d'Hollywood, et met en chantier la saga Indiana Jones, consacrée à un aventurier archéologue et réalisée par son complice Steven Spielberg;. L'intrépide archéologue Indiana Jones, incarné par Harrison Ford, représente l'aventurier au cœur d'or affrontant des adversaires retors et dévoilant des mystères millénaires. Inspiré des serials des années 1930 et des récits de pulps, Lucas façonne un héros emblématique mêlant action, humour et exploration, dans une lutte contre les forces du mal pour préserver le patrimoine et sauver le monde.

 

Au début des années 1990, il complète même ses films par la série « The Young Indiana Jones Chronicles » dont la diffusion télévisée débute en 1992. Comportant seulement 35 épisodes de 45 minutes, la production relate l'enfance et l'adolescence d'Indiana Jones passées à parcourir le monde en compagnie de ses parents.

 

De nos jours, Indiana Jones est devenu un personnage emblématique de la culture populaire. Il fut notamment classé à la seconde place du classement des plus grands héros et méchants du cinéma de l'American Film Institute (2003).

L’AVENEMENT DE LA TECHNOLOGIE NUMERIQUE 

Très intéressé par la technologie, George Lucas œuvre sur de nombreuses innovations majeures de l'industrie cinématographique via ILM dès le milieu des années 1980. Sa société contribue ainsi aux révolutions visuelles de films tels que "Le Secret de la Pyramide", "Willow" et "Terminator 2". 

 

Quelques années plus tard, les effets spéciaux novateurs réalisés par ILM pour "Jurassic Park" (1993) lui permettent d'envisager le tournage de la Prélogie, les trois épisodes antérieurs à "La guerre des Etoiles" (1977). Il décide néanmoins dans un premier temps d'optimiser techniquement les trois films originaux. "Il y a plusieurs choses dont je n'ai jamais été satisfait , explique Lucas : des prises de vues d'effets spéciaux qui n'ont jamais été achevé, des scènes que je n'ai pas pu inclure à l'époque par manque de temps et d'argent".  "La Guerre des Etoiles" est notamment l'épisode dont Lucas est le moins satisfait, ne représentant que 30% de ce qu'il avait imaginé en 1977. L'idée dominante est donc de terminer ses films et d'y ajouter les plans qui avaient dû être abandonnés, d'améliorer les effets spéciaux et de restaurer l'image et le son. "Un réalisateur doit pouvoir obtenir le film qu'il désire. C'était déjà le cas pour Michel Ange" explique t-il à Cannes en 2024. "Quand il peignait le plafond de la Chapelle Sixtine depuis un échafaudage, il lui arrivait de tout modifier quand il n'était pas content de ce qu'il avait fait."  George Lucas n'a jamais hésité à reprendre ses films pour en améliorer les effets spéciaux au fur et à mesure des évolutions techniques. 

 

L'édition spéciale sort ainsi dès le 31 janvier 1997 dans les salles. Au delà de toute attente, "Star Wars" bouleverse les règles : c'est le plus gros succès des ressorties au cinéma. 

 

 

La rentabilité de cette nouvelle exploitation de la trilogie originale, le conforte dans la création des nouveaux volets de la saga prenant place vingt  à trente ans avant les évènements de la guerre des étoiles. George Lucas retourne ainsi derrière la caméra pour mettre en scène le premier épisode de la prélogie, « La Menace fantôme », sorti en France en octobre 1999. Après le succès retentissant de ce premier épisode, George Lucas se consacre à la réalisation de « L'Attaque des clones (2002) » et de « La Revanche des Sith » (2005) qui viennent clore la seconde trilogie. Véritables précurseurs dans l'usage des technologies numériques, ces films développent des techniques innovantes pour donner naissance à de nouvelles planètes (Naboo, Corusant, Mustafar) et à des créatures les plus incroyables les unes que les autres. En outre, "L'Attaque des clones" et "La Revanche des Siths" sont tournés intégralement en numériques, à une époque où les tournés sur pellicule.

L'APRES STAR WARS

En 2005, George Lucas annonce que sa société Lucasfilm va prendre une nouvelle orientation. « On ne veut plus faire de films. Nous allons nous concentrer sur la télévision. En ce qui concerne Lucasfilm, nous ne voulons plus nous impliquer dans la création de film cinéma parce que c’est trop cher et trop risqué. Je pense que le futur se trouve dans la quantité et c’est ce que permet la télévision ».

En 2012, il vend finalement Lucasfilm à Disney pour la somme de 4 milliards de dollars. Depuis il a pris du recul par rapport à la réalisation se concentrant sur des projets personnels liés à l'Art et à l'Education comme le Musée des Arts Narratifs. Ce dernier projet de 1 mlliard de dollars ouvrira en 2025 à Los Angeles. Situé dans Exposition Park, ce musée futuriste exposera des œuvres allant de l'art classique aux objets emblématiques des films de George Lucas comme "Star Wars" et "Indiana Jones" et inclura également des espaces pour expositions, des théâtres et des jardins.  

 

Lors du Festival de Cannes 2024, George  a été honoré d'une Palme d'Or d'honneur des mains de Francis Ford Coppola pour sa contribution exceptionnelle au 7e Art. George Lucas, toujours la tête dans les étoiles continue d'influencer le monde du cinéma avec son imagination et son engagement pour la technologie. 

 

 

 

Sources : 

George Lucas : une vie (Brian Jai Jones) 

Les Guerres de Lucas (Laurent Hopman et Renaud Roche) 

Le Cinéma de George Lucas (Marcus Hearn) 

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